En résumé
En ces temps d’obsolescence programmée, j’ai décidé de poser un acte de rébellion civile. J’ai réparé moi même mon Kärcher qui est en réalité un Kränzle. Le temps que j’ai passé pour cette réparation se décompose comme suit. 1) Essai, inondation et nettoyage de la sellerie (1h). 2) Démontage (1h). Recherche du Edelstahlkugel #11.1 qui a sauté en l’air à cause du Federdruckscheibe #6, à quatre pattes dans l’atelier, sous les meubles, pour finalement le retrouver l’intérieur du capot (1h30). 3) Recherche des pièces sur le web et traduction français – allemand à l’aide de Google (2h30). 4) Remontage (1h30). Recherche du Sicherungsring #10 dans le moteur (nécessite son démontage complet) pour constater finalement qu’il était tombé par terre (1h30). Essai et constatation d’un jet haute pression sortant directement de la pompe (5min). Démontage (0h30, je commence à le connaître par cœur). Inversion du sens de montage des Gewebemanschette #28, remontage et nouvelle essai (55min). Soit un total d’environ 10h30. En comptant le prix des pièces (219€) et le coût de ma main d’œuvre (45€ x 10,5 = 472,50€), j’arrive à un total de 691,50€, équivalent au prix d’achat d’un Kränzle neuf, mais sans compter le coût de recyclage ni la satisfaction d’avoir moi-même réussi cette Reparatur tout seul!
Bon, assez plaisanté, voici vraiment comment réparer un Kränzle. Je pense que pour un Kärcher, c’est la même chose. Plus ou moins…
Kränzle 1150 T, construit pour durer
Quand j’ai entrepris de démonter et de réparer mon nettoyeur haute pression, je dois dire que j’ai été positivement surpris. Le Kränzle 1150 T semble avoir été construit pour durer. Dans un monde où l’obsolescence programmée (ou non) règne en maître, c’est une bonne surprise.
Symptômes
Après douze ans de bon et loyaux services, mon bon Kränzle 1150 T ne montait plus en pression comme avant. Puis la pompe s’est bloquée, faisant sauter les plombs. De plus, depuis longtemps, un peu d’eau s’écoulait dans le carter et l’huile commençait à ressembler à du café au lait. J’ai donc dû me poser la question fatidique: réparer ou remplacer?
Après avoir démonté la pompe et examiné son état, j’ai regardé quelles sont les pièces détachées disponibles. Si je remplace à peu près toute la pompe (détails ci-dessous), j’en ai pour 219€ de pièces (hors TVA, avec le port). Comparé aux 700€ d’un nettoyeur équivalent, le Kränzle 1152 TS, le choix est vite fait. Et puis j’aurai le plaisir de l’avoir réparé moi-même!
Quelles pièces remplacer ?
Après quelques recherche sur Google, je trouve les pièces les moins chères en Allemagne (merci « Google Traduction »), chez Maschinox. A ce propos, évitez les vendeurs anglais et surtout français, qui sont beaucoup plus chers. Les pièces sont identifiées par leur référence OEM, ce qui facile leur recherche et permet d’être quasi certain que la pièce est celle qui convient.
Malheureusement, au moment de passer ma commande chez Maschinox, je réalise qu’ils ne livrent pas en Belgique. Je leur envoie un mail, en « Allemand Google ». Le lendemain, j’ai déjà une réponse. Bref, une semaine plus tard, les pièces sont chez moi. Un service de tout premier ordre.
Voici les pièces que j’ai remplacé:
- Les six soupapes (6), en kit (41648). E et B ci-dessous.
- Les joints de tête pompe, en kit (43060). C si dessous.
- Les pistons, 43005, qui montrent des signes d’usure marquée. Pas visibles sur cet éclaté.
- La platine de pompe G 43003 avec ses trois joints à lèvre (pas visibles sur cet éclaté). Puisque les pistons sont usés, la platine dans lequel ils coulissent doit l’être aussi.
- Le régulateur de pression complet 445321 (A).
- Les billes (12245 et 12122), sièges (2x 14118) et o-rings (12256, 150051 et 40016) des clapets de by-pass (D) et anti-retour (F).
Si vous avez perdu le mode d’emploi, le voici en pdf (version anglaise). Il contient les éclatés avec la liste de toute les pièces détachées: kranzle_1150_handbook.
Le démontage de la tête de pompe
A propos, si comme moi, vous vous demandiez comment fonctionne un nettoyeur haute pression, je l’explique ici.
Commencez par retirer l’enrouleur de tuyau HP en desserrant d’abord les deux raccords puis en retirant les 4 vis PZ2. Ensuite, retirez les roues et le capot en plastique maintenu par six vis à empreinte PZ2. Ce sera plus facile pour avoir accès à la pompe.
J’ai trouvé plus simple de démonter tous les éléments de la tête de pompe (la partie en laiton) alors qu’elle est toujours en place sur le corps du nettoyeur. En effet, il faut parfois forcer un peu pour démonter certains éléments.
- Démontez les trois soupapes d’admission (E) et les trois soupapes d’échappement (B) en récupérant chaque fois l’o-ring qui est au fond. La soupape d’échappement centrale comporte le manomètre n° 26.
- Démontez la soupape de décharge et réglage de pression A. Pour cela, faire sauter le capuchon 25 et desserrer l’écrou M6 n° 24, clé de 8, scellé au Loctite.
- Démontez le clapet anti-retour F. Bon amusement pour retirer le jonc de maintien n° 10. J’y suis arrivé avec un tournevis très fin et une pince à fin bec.
- Démontez le clapet de by-pass D. Idem pour le jonc n° 10 (c’est le mème modèle).
- Démontez la crépine d’arrivée n° 46.
- Évitez de démonter les vis n° 5 et 6 qu’il faudrait sceller au Loctite joint.
Démontage de la platine porte pistons
Vous pouvez ensuite retirer les 4 vis allen qui maintiennent le corps de la pompe H sur la platine G. Normalement, ça vient sans trop forcer. Vous devriez alors voir la platine et la tête des pistons, que nous allons démonter aussi.
Attention! Avant de démonter les 4 vis allen, jetez un coup d’œil à la photo suivante. Des ressorts assez costauds rappellent les trois pistons. Pour éviter de projeter la platine dans les airs, dévissez d’abord de quelques tours les quatre vis. Normalement, la platine va rester collée sur le corps du moteur. Décollez la en tirant ou en faisant très délicatement levier. Une fois la platine décollée, dévissez graduellement les quatre vis. Remarquez la couleur de l’huile, signe qu’elle est mélangée à de l’eau provenant de la pompe. Raison pour laquelle j’ai remplacé tous les joints.
Démontage des guides de piston
Démontez les guides de piston avec une pince multi-prise. Au besoin, faites levier avec un tournevis. Si vraiment ils résistent, ce qui n’a pas été le cas des miens, le montage n’étant pas très serré, vous pouvez essayer en chauffant la platine avec un décapeur thermique.
Démontage des joints de la tête de pompe
De côté de la tête de pompe, on peut maintenant retirer les joints à lèvres et les o-ring pour bien nettoyer la tête à l’air comprimé. Comme la mienne comportait quelques résidus de calcaire, je l’ai décapée au bicarbonate de soude. Attention, pas de sable, c’est la mort assurée de la pompe! Le bicarbonate de soude n’est quasi pas abrasif. Il permet de retirer les dépôts sans abimer la matière de la pompe. Ça marche aussi très bien pour les pièces de vieille moto et alu ou en zamak, comme les cylindres ou les carburateurs. Personnellement j’utilise un pistolet à sabler à 30€ du Brico rempli avec du bicarbonate de chez Aveve à 10€ le kilo. Ça se bouche sans arrêt, mais pour des petites pièces, ça fonctionne bien.
Les pièces neuves
Le remontage de la tête de pompe
Le remontage ne présente aucune difficulté particulière. Prenez soin de bien remonter les différentes pièces dans le bon sens à la bonne place!
Commencez par remonter les joints à lèvre de tête de pompe (n° 28 sur l’éclaté) dans le bon sens, avec la partie creuse des joints du côté où s’exerce la pression. J’ai utilisé un ancien piston comme guide et un ancien joint comme entretoise pour enfoncer le nouveau. Ensuite, avec un tube et un maillet en plastique, j’ai enfoncé le nouveau joint bien au fond de son alésage. A gauche, sur la photo, le nouveau est déjà en place, dans le bon sens. Si vous les mettez dans l’autre sens, la pompe fuira!
On remonte les soupapes sans oublier l’o-ring au fond de chaque puis. On change aussi les o-ring des chapeaux, qui sont de même taille. Les six soupapes sont identiques.
Les joncs n° 10 (voir éclaté) qui maintiennent les sièges des clapets D et F sont un peu plus délicats à remonter. D’abord, mettez l’o-ring et le siège en place. Ensuite, insérez le jonc le plus près possible du siège, sans abimer ce dernier, à l’aide d’une pince à fin bec. Poussez le jonc dans sa gorge à l’aide d’un tube ou d’une douille d’un diamètre juste inférieur à l’alésage. A l’aide d’un fin tournevis, vérifiez que vous pouvez faire tourner le jonc dans sa gorge, preuve qu’il est bien en place.
Remontage de la platine et des pistons
Il temps de remonter les guides sur la nouvelle platine G. Celle-ci est livrée avec les joints à lèvre en place. Notez que ces joints à lèvres ne sont pas visibles sur l’éclaté ci-dessus. Les bagues n° 27 n’étant pas livrées dans le kit, j’ai réutilisé les anciennes. Mais peut-être n’était-ce pas nécessaire. Le joint à lèvre n° 32 doit être remonté avec sa partie plate du côté de la platine G. Le guide n° 31 (en laiton) doit être remonté avec ses évasements vers la platine G, comme sur la photo ci-dessous.
Remontez maintenant les nouveaux pistons avec leur ressort. Comme tout est neuf, il est normal de devoir forcer légèrement pour les enfiler dans les guides. J’ai mis un peu de WD40 pour faciliter le travail.
Nous pouvons maintenant remonter la platine sur le moteur. N’oubliez pas le grand o-ring, visible sur la photo ci-dessus. Serrez progressivement les 4 vis allen en croix. En l’absence d’indication, j’ai arbitrairement serré à 17 N/m. Bien entendu, entretemps j’ai vidangé l’huile et remis 1/4 litre de 15w40 neuve. N’oubliez pas de vérifier le niveau à la fin.
L’étape suivante consiste à remonter le corps de pompe sur la platine. Vérifiez bien la présence de toute les pièces sur l’éclaté. Et remontez les dans le bon sens. A nouveau, comme les joints sont neufs, il faut un peu forcer pour emboiter la tête sur les pistons. A ce stade, j’ai tout simplement oublié de faire des photos…
Réglage de la pression de sortie
Les deux écrous M6 n° 19 (voir éclaté), soupape de décharge A, servent de butée. C’est donc grâce à eux que l’on peut régler la pression maximale. Je ne me suis pas cassé la tête, j’ai simplement vissé le premier écrou à fond, puis desserré d’un demi tour (décision à nouveau arbitraire). Le deuxième sert de contre-écrou. Remontez l’écrou de butée de l’autre côté (n° 24, M6 mais clé de 8) au Loctite fort. Enfoncez le capuchon rouge d’un coup de maillet.
Nettoyage de la buse variable
J’en ai profité pour démonter et nettoyer la buse variable, celle avec un jet réglable de large à fin.
Essai
Comme un neuf… notez que le manomètre n’est pas celui d’origine. Pour une raison que j’ignore, il a toujours été pessimiste. Après réglage de la soupape de décharge, il monte maintenant à 110 bars, donc je suppose qu’il a récupéré ses 130 bars d’origine.
